Le Système de Riziculture Intensif (SRI) est en extension au Mali avec quelques producteurs dans les régions de Gao, Tombouctou, Mopti, Sikasso, Ségou et Kayes. Ces régions sont situées respectivement, dans le Nord, le Centre, l’Est et l’Ouest du pays. La vulgarisation à grande échelle doit se poursuivre et s’intensifier pour atteindre les autres localités. Selon Djiguiba Kouyaté, spécialiste en SRI, cette technique culturale « apporte plus de 30% de croissance de la productivité ». Nous lui avons posé cinq (05) questions.
Journal scientifique et technique du Mali (JSTM): Quand pouvons-nous parler de Système de Riziculture Intensif?
Djiguiba Kouyaté (DK): Le Système de Riziculture Intensif (SRI) est originaire de Madagascar, il a été introduit au Mali en 2007 à Goundam par AFRICARE et diffusé par démonstrations à Gao, Mopti, Tombouctou, Sikasso par IICEM / USAID. Le CIV / PASSIP a poursuivi la diffusion en combinant le SRI avec le PPU et les Biofertilisants.
Le SRI consiste en une série de pratiques non conventionnelles basées sur un ensemble de six principes: 1.) Repiquage des plants à 8-10 jours au lieu de 30 jours ; 2.) Un plant au lieu de 4-5 plants par poquet ; 3.) Culture en ligne avec un intervalle de 25 cm entre les plantes et 25 cm entre les lignes ; 4.) Application de la fumure organique ; 5.) Intermittence de l’eau et de la sécheresse au lieu de l’inondation continue du sol ; 6.) Sarclo-binage pour contrôler les mauvaises herbes et favoriser l’aération superficielle du sol.
JSTM: Quelle quantité de riz peut être obtenue sur un hectare en utilisant le SRI?
DK: Avec le SRI au Mali le rendement moyen se situe à huit (08) tonnes par ha avec des cas de 12 Tonnes/ha. Pendant la campagne 2015-2016 les résultats avec le Centre D’Innovation Verte en collaboration avec les DRA de Sikasso et Mopti ont été:
tout d’abord, l’augmentation du rendement de 50% en zone irriguée (7,5 T/ha contre 5 T/ ha (Mopti), et de 38% (2,5 contre 1,8T/ha) en zone pluviale/ bas-fonds.
JSTM: Pourquoi les paysans maliens devraient opter pour le SRI?
DK: A cause des avantages constatés qui sont les suivants :
Economie de 8kg de semence contre 50Kg en zone irriguée. En zone pluviale 20 Kg contre 70-120 Kg
Economie de 72 Kg d’engrais (contre 200 Kg d’urée) Rendement. SRI zone irriguée moyenne 8t/ha (contre moyenne 5 T/ha).
SRI zone pluviale moyenne 3 T/ha (contre 1,2 – 1,8 T/ha) P. paysanne
Revenu: augmentation de revenu de plus 50% Gestion durable des sols et adaptation au changement climatique/ diminution de gaz à effet de serre.
JSTM: Comment les paysans accueillent ce nouveau système qui semble révolutionnaire?
DK: Les paysans pensent qu’entre le SRI et la pratique conventionnelle il n’y a pas match.
JSTM: Au Mali, quelles sont les localités qui utilisent déjà le SRI? Et qu’est-ce que les autres attendent?
DK: Le SRI est en extension au Mali avec quelques producteurs dans les régions de Gao, Tombouctou, Mopti, Sikasso, Ségou et Kayes. La vulgarisation à grande échelle doit se poursuivre et s’intensifier pour atteindre les autres localités du pays. D’autres aspects que nous pouvons énumérer; à l’image de la lutte contre la maladie à virus Ebola, nous voulons constater et vivre une volonté politique affichée des autorités pour accroitre la couverture la nationale en SRI.
Grâce au SRI on peut facilement couvrir le Gap des 15% entre l’offre et la demande nationale et en perspective prévoir la consommation liée à la croissance de la population. C’est une très bonne chose de développer le parc mécanique, de subventionner l’engrais, mais il est essentiel de diffuser la meilleure technique culturale qui apporte plus de 30% de croissance de la productivité et assure la gestion durable des terres. C’est le chemin le moins coûteux et durable.
D’ici 2020, la population va croitre de façon exponentielle, comment satisfaire cette demande ? Où trouver les investissements nécessaires pour faire les aménagements en conséquence ? Je pense qu’en vulgarisant le SRI correctement on pourra satisfaire notre demande et préserver celle des générations futures, avec seulement moins de 2% du coût des aménagements.
« Ce n’est plus un mythe de produire plus et à moindre coûts pour assurer la compétitivité du riz locale » .
Propos recueillis par
Diénéba DEME, journaliste scientifique